Depuis quatre mois, j'attends le moment où je devrais écrire à nouveau. Quand on n'est pas prêt, les excuses pleuvent sans s'arrêter. On les amoncelle comme les larmes, ce sont des cartons à faire, puis des cartons à défaire, une scolarité, un boulot d'été. Ce sont et ce sont, ce sont encore, ce sont encore, j'occupe mes mains autrement.
Et si le bon moment, ce n'était pas le moment le plus intemporel, un dimanche matin à quatre heures du matin. Quand tout le monde s'est enfin couché, quand le silence devient le plus total, quand les yeux si fatigués redessinent tout différemment. Quand le blanc de cette page devient le plus coloré des paysages.
Depuis quatre mois, je pleure sans arrêt. Je pleure quand je me réveille. Je me réveille quand je pleure. Je pleure parce que je me réveille. Je pleure quand je ramasse les débris des malheurs autours de moi, je pleure quand je prends ce pont, et que personne ne m'attend de l'autre côté, je pleure quand je me sens sans force aucune. Je pleure sans force. Je pleure tous les jours, je pleure tous les temps, je pleure tous les vents, je pleure dedans, je pleure dehors. Je pleure quand j'entends, j'ai peur quand j'attends, j'ai peur de pleurer encore.
Je me réveille quand je pleure. Je pleure quand je me réveille. Quand je me réveille de ces quatre mois, je pleure de clore cet été qui ne veut ne se laisse pas mourir. Je pleure de décider l'automne. Je donne mes larmes à l'aumône de ce que personne ne voit. Depuis quatre mois mon ectoplasme pisse par les yeux.
J'occupe mes mains autrement pour qu'elles ne me serrent pas la gorge, parce que c'est ainsi, c'est écrire ou la folie.