Bouillon

B(r)ouillon

OK quelle journée.
Pour M. je ne suis pas la bonne personne, tout ça me met dans un état de fou, je peux pas gérer, je crois que je peux pas gérer une fois de plus.
Pour S. je vais voir, on en discute ce weekend, pas de panique, soit on reste sur le Maroc et je la rejoins une semaine plus tard, soit on change les plans je lui paye un A/R vers la Grèce et... je m'en veux tellement profondément que mieux vaut ne pas y penser du tout.
3h du matin fête j'ai revu mon plan pour la 1500e fois.
C'est parti il paraît il paraît qu'il faut fêter mes 25 OH MY GOD.
Vous ne voulez plus qu'on se voie ?
Chérie tu entres dans un autre temps, moi je suis entré dans celui de la solitude. Par réflexe je pense encore aux textos et aux réseaux sociaux, mais c'est par pur réflexe, je vais trouver autre chose.
Je n'ai besoin de me justifier auprès de personne : si je veux disparaître je disparais et c'est comme ça.
J'ai toujours été tenu coupable de mes disparitions. Je culpabilise encore, je laisse des conversations non lues auxquelles je ne réponds finalement jamais,
mais je me dis qu'un jour il faudra bien que je réponde.
Sauf qu'évidemment ça sonnera complètement faux.

Je suis rongé par la culpabilité : de ne pas vouloir dîner avec mes parents et mes soeurs mercredi soir,
de vouloir protester en disant que j'ai mieux à faire, qu'il faut que je fasse autre chose,
que le reste pour l'instant n'a plus d'importance.
Non désolé mais je me retire du monde. Pas désolé. Sorry but not sorry.
Je ne suis pas là, laissez-moi tranquille.

C'était même ça au début de la relation avec Freddy, c'était ça finalement l'angoisse du début que je n'arrivais pas à m'expliquer :
j'avais autre chose à faire mais je ne comprenais qu'il fallait justement que je dise à ce mec que j'avais quelque chose d'autre à faire.
Que je ne pouvais pas perdre deux jours à traiter les morpions.

Je suis toujours coupable, comme si le monde dépendait de moi ; mais non le monde ne dépend pas de toi Simon,
tu en fais bien ce que tu en veux.
Et si tu n'es pas là ou plus là un beau jour il continuera à tourner.

Je veux sortir de la culpabilité dans mes relations, mais en fait je ne peux pas y arriver si je ne sors pas moi-même de ma propre culpabilité.
Si j'arrête de me sentir coupable, alors je n'en voudrais plus aux autres de ne pas se sentir coupable dans des situations où je me serais senti coupable,
etc etc, le cercle n'en finit jamais.

Je pense beaucoup à mon père. J'ai voulu prendre la distance, tout en oubliant de beaucoup de ce que je suis aujourd'hui venait forcément de mes 18 ans passés ici. De la culpabilité permanente : de ne pas être à l'heure le matin, de ne pas me coucher assez tôt, de ne pas aller assez vite, d'avoir les cheveux trop longs, de ne pas aimer de la bonne manière, de ne pas réaliser "tout ce que l'on fait pour toi". De ne pas dire assez merci, de ne pas être assez digne de cet amour.
Et avec ma mère c'est pareil : de ne jamais pouvoir rendre la pareille, cette intensité de l'amour, du soin.
De ne pas être le bon frère avec Cécile. De ne jamais être là pour Sophie. De voir tout ce que fait Jeanne, tout l'amour qu'elle met à disposition des autres. Est-ce que le monde lui rend ?

Je culpabilise d'avoir largué un jour Rémi, je culpabilise parce que je n'étais peut-être pas assez bien pour Freddy alors qu'il n'a jamais cherché à me connaître il a juste eu plusieurs mois d'affilée un inconnu dans son lit, je culpabilise parce que j'ai aimé Mathias trop fort et trop vite alors il a pris le large,
bref je m'en veux parce que je ne suis pas assez bien, pas assez fort, je n'ai pas confiance en moi, je n'ose pas dire les choses,
je rumine à demi-voix et j'explose de rire avec les très bon copains seulement.

Je culpabilise parce que je ne pourrai pas retourner en Palestine avant d'aller peut-être au Liban.
C'est encore et toujours. Quand on me dit qu'on veut me voir, je me dis qu'il faut que j'agisse. Alors que ce n'est pas vrai. Ca ne fonctionne pas comme ça.

Angoisse - culpabilité - angoisse - culpabilité - angoisse.
Mais que dira-t-on de moi ? Mais chéri on s'en bat les steacks fois mille de ce qu'on dira de toi.
Chéri on s'en bat les steacks fois mille de ces gens qui t'ont vu dans un état minable.
Chéri on s'en bat les steacks fois mille de cette meuf qui t'ajoutera jamais sur facebook.
Chéri, on s'en bat les steacks fois mille de ce mini milieu pas sain du tout où personne te dit bonjour.
Chéri, faut que tu te trouves des copines pédés, pas des amants. Les amants on verra ensuite.

Prends la parole. Dis les choses. Ne culpabilise pas de tes absences. C'est bon.
Pour Sébastien, un petit mensonge adoucira les moeurs, et ce n'est pas grand-chose.
Pour le reste, tu n'as de compte à rendre à personne.
L'amour c'est comme ça, ce n'est pas toujours la fusion à deux,
parfois ce doit être plus l'un que l'autre.

Lâche pas le morceau. Isola, l'île.

T'as raison, y a un concert de Shakira à Lyon, je dois rire,
je dois regarder ce que j'arrive à accomplir malgré l'angoisse,
ouvrir une carte d'anniversaire.

Dans tous les blogs de copains et copines qui existaient jusqu'à 2012 avant qu'on sorte tous de l'adolescence et de nos écrits mi-beaux mi-chériec'estmignontudécouvreslavie, j'étais l'enfant au cristal, le pokémon du bout du monde, une petite chose fragile.
J'avais oublié vois-tu, et le mieux dans tout ça c'est que ces deux dernières années j'ai voulu faire croire que j'étais grand et fort, que tout ça c'était terminé, que j'avais pas peur,
ouaih ouaih, y a de quoi se marrer du résultat.
Quand Maïa m'a dit "protège-toi" la dernière fois, c'était comme un boomerang sorti d'un autre temps qui sonnait complètement juste.

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