De la danse dans trente-quatre mètres carrés rapiécés. Un verre solitaire, une bouteille fracassées sur le sol, que je contemple, dernière violence, débris de décadence.
Bouillon
B(r)ouillon
Des zigzags de concerts et des cigarettes toussées, des engueulades, des amours virtuels et le notre, nos mensonges parentaux pour des soirées farinées qui finissent dans la baignoire parce qu'elle est trop bonne pour toi. Le baccalauréat comme option, dans les gribouillis de nos devoirs pompées il souriait comme un petit rien, un infime détail, on encourageait les blocus pour se déguiser en lutins. Dans le fond de la classe de mathématiques, s'allumait un feu de joie, voué à pâtir des kilomètres pour être sûr de ne jamais s'éteindre.
Alors on se couche tard et on oublie de dégueuler nos cœurs vides parce qu'on a oublié, dans les amphis et les dortoirs, nos espoirs transpirants qui piétinaient nos devoirs.
Quand brunes au bout du couloir pétillent encore,
quand noirs furie m'épinglent un sourire sans
effort ; quand journaux des jours derniers m'entassent les bras alors, la cour de l'immeuble. De tout en bas, j'entends s'injurier mon réveil du matin, plusieurs heures qu'il doit sonner avec entrain. Encrassant suavement les oreilles des habitants ; au 43 il est dix-neuf heures, dans ce carré de rez-de-chaussée, un rire fuse et le monde d'y a trois jours fini en vol plané. Je lâche tout et me précipite dans les escaliers, jusqu'au curieux mécanisme à la voix déraillée.
De tout en haut je balance un œil sur mon sac renversé et le dégueulis de ma boite-aux-lettre, puis je me mets à danser parce qu'elle était restée ouverte la fenêtre.
Accroché à ma fenêtre, un unique oiseau s'éclipsait dans l'hypersomnie de mes yeux sales et j'imaginais que quelqu'un venait me dire bonjour. Sur l'horloge le goûter, une journée à peine commencée. Les oreillers ne renferment plus que mon odeur, inondent les messages sans saveur, le café clapote dans les moutons de poussière.
Arrête-moi. Arrête mon bras, arrête mon geste, mon ombre, mon rien, cloue-moi quelque part, cloue-moi la bouche. Arrête ce dixième verre de vodka, arrête-le, empêche-moi.
Un, deux, trois, elle sait que je ne répondrai pas. D'un album roulé en boule, je devrais peut-être lui crier, que je ne veux pas qu'elle se plaigne, qu'elle n'a plus qu'à dans ses cheveux, passer un coup de peigne. Des fois, je pourrais dérailler, d'oublier que c'est une petite chose ; qu'au fond de son clic-clac moisit un doudou à la dégaine morose.
Arrête-moi et regarde-le ce manège, celui je picole au creux de ma chrysalide. Crissent les secondes, croissent en intensité, arrête mon bras, arrête ce qu'il me reste, de vodka je lâche le lest. Regarde-le ce manège aux ombres terrifiantes, des horreurs qui nous hantent.
Elle sait que je ne répondrai pas. Elle râle encore, j'ai dans mes râles une douce colère, de la voir résister à des chansons sur l'oreiller. Fragile. Alors le plus risible de cette histoire ce n'est pas qu'il y a trois ans j'ai écrit sur une scène de métro parisien, ligne 1 heure de pointe le matin, mais que le type qui l'a rattrapé dans la demi nuit avant les portillons franchis, ce type, il s'appelle Rémi.
Je me force à te mentir
Pour te parler d'avenir
D'avaler je m'astreins
Ces cachets tous les matins
J'impose à mon mental
D'oublier les doses létales
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