Bouillon

B(r)ouillon

I GOT STAMINA.

(La voisine est en train de jouir c'est un jour comme un autre.)
Je suis arrivé à Lyon et comme à chaque déplacement l'angoisse reprend.
Un peu comme si chaque mouvement de mon corps
me rapprochait d'un but
ouvert béant précipice uppercut.

Je ne suis plus chez moi nulle part,
alors je suis chez moi partout,
peu importe.

J'ai quitté cette ville depuis des millénaires,
j'y fais des passages éclairs,
c'est ici que tout a commencé : peut-être un signe.

Je vais aller monter sur les pentes de la croix-rousse,
traîner mes cernes contre les murs,
redescendre et rependre, encore : j'y arriverai.

Sca me parle d'obligation à diffuser des good vibes.

Je fouille frénétiquement pour retrouver quelques lignes écrites à 15 ans.
Je trouve :

C’est une tendance de l’époque. Vous en avez tous entendu parler. Ou vous en avez tous parlé un jour. C’est une gymnastique de l’esprit à la mode : PO-SI-TI-VER. «Keep the smile.» . . . C’est permanent, il faut être heureux.
[...]

Simon, 15 ans. N’a jamais été à la mode.

 


Je m'étouffe de rire face à toute cette rage d'adolescent qui martelait le clavier en hurlant un anticonformisme à trois francs.
N'empêche que 10 ans plus tard, on parle au téléphone avec Sca comme deux mamies le samedi après-midi, et on en revient à ces histoires de bonheur plat. Je lui chantonne sarcastique : on ne change pas.

http://bouillon.cowblog.fr/images/IMG20170326093507.jpg
L'image obsédante de toi débout en face de moi avec un demi cachet d'ecstasy en face de moi.
Toute mon angoisse de ne pas comprendre, de ne jamais comprendre de ne pas vouloir comprendre
que tu aimes sans amour.

Je crois que j'aimerais ne t'avoir jamais rencontré,
et sans ma confiance éperdue dans la vie
ce qu'elle met en face de nous pour une bonne raison,
je te détruirais.
(Tu ne comprendrais même pas cette déferlante d'émotion.)

En 2015 je tombais fou amoureux d'un mec à en danser sous vodka dans mon salon de hippies à Toulouse,
parce que bien sûr faut pas rêver j'étais tout seul dans cette histoire.
En regardant la Garonne, il m'annonçait que notre histoire s'arrêtait là et qu'il se remettait avec B.
Quelques mois plus tard, ils devaient partir en voyage à Berlin.
2015 s'est fait largué quelques jours avant le voyage.

En 2017 je tombe amoureux d'un autre mec, histoire qui s'est finie avec moi en crise d'angoisse sur le bord d'une route de campagne.
Le mec me dit je ne suis pas vraiment impliqué... et ces derniers temps je me suis rapproché de B.
C'était encore sur les bords de Garonne, il disait qu'il faisait beau et qu'on ferait mieux de discuter dehors.
C'était en juin. Juin 2015, juin 2017, ciao Simon I'm in love with B.

B. et 2017 viennent de partir tous les deux à Berlin.
Je ne sais même plus si je dois m'esclaffer tout seul, me sentir solidaire de 2015,
ou écrire un mauvais scénario pour une adaptation tragi-comique sur netflix.

<< < | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | > >>

Créer un podcast